douze

Depuis cette journée d’été, Eve vit avec sa mère. Tous les dimanches, à l’heure du thé, la fille s’essaie aux confidences. Habituellement, la mère l’écoute d’une oreille distraite en peignant Isidor, un majestueux persan au poil aristocratique. Mais aujourd’hui, le chat n’est pas là – allez savoir pourquoi – et ce sont les soucis de sa fille que d’une oreille attentive elle tente de démêler.
– Eve ?
– Oui maman ?
– A quoi penses-tu ?
– A lui bien sûr. A quoi veux-tu que je pense ?
– A toi.
La mère s’approche de la fille. La fille pose sa tête sur ses genoux. La mère lui brosse les cheveux.
– C’est la même chose. Il est la partie de moi qui me manque.
– Alors va le voir.
– Je ne peux pas. Il doit croire que je me suis moquée de lui, que je l’ai amené dans un piège. Il ne me le pardonnera jamais
– Pourquoi as-tu fait ça ?
– Pour le séduire. Je lui ai montré ce qu’il voulait voir. Je ne croyais pas à ses délires. Comment pourrais-je ? Tu en connais beaucoup, toi, des hommes qui disent au revoir à l’hiver ? Ce n’est pas possible. Ca n’existe pas. Mais… il joue si bien… et il me fait si joliment l’amour…
La mère arrête de brosser. Elle regarde longuement sa fille.
– On ne laisse pas partir un homme qui fait l’amour ainsi, Eve. On lui fait un enfant.

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