Cornemuse et Bagatelle

Cornemuse et bagatelle
Jusqu’au lever du soleil
On chantera des ritournelles
En dessinant des arcs-en-ciel

Je ne vois vraiment pas pourquoi
Tu ne veux pas mon petit soldat
Te joindre à nous pour cette nuit
Elle laisser au lit ton ennui

On ira marcher dans les bois
Ça te fera du bien tu verras
On croisera sûrement des sorcières
Tu pourras troquer tes misères

Tu n’as pas besoin de sommeil
Ni de cachets de salsepareille
Le monde a besoin de lutins
Pour retrouver un peu d’entrain

Et quand viendra demain matin
Tu n’auras plus rien d’un larbin
Tu chanteras l’ode à la vie
Et dérideras tous ces zombies

Heurt d’hiver

Le chien mugit dans le jardin

Le vent aboie dans sa niche

Et moi je reste tout coi

Un pied dans l’hiver

Une main sur ma montre

Les habitudes ont changé l’heure

C’est comme ça

Une heure de gagnée ce matin

Six mois de lever dans le noir

Et de retour à la lampe torche

Les oiseaux malins ont pris la tangente

Les moineaux restent à grignoter nos miettes

Et ma boule de cristal

Au chaud de mon imaginaire

Voit un grand oiseau de fer

M’envolant loin d’ici

Hacker la vie

Hacker la vie.
Prendre les ruisseaux pour des venelles.
Plier en chapeaux pirates les journaux du jour.
Eriger les voitures en statues.
Regarder les salades pousser.
Redessiner les cartes des villes, jeu de marelle entre les bétons.
Réinventer des raisons de se lever.
Lits de réveils. Réveil de l’âme.
Et chaque matin, dans le miroir d’une tasse de café, se réinventer.

Couleur sourde

Je vous rapporte votre monde
et quelques langues de bois

Couleur sourde
Couleur terre

Vous me l’aviez déposé
le jour où je suis né

Couleur sourde
Couleur terre

Vous aviez du vous tromper
Il m’a fallu longtemps
Pour me rencontrer

Couleur sourde
Couleur terre

Presque le temps
De mourir à ma vie

Couleur sourde
Couleur terre

Mais depuis que je l’entends
Couleur sourde
Battre dans mes tempes
Couleur terre

Je sens son poul

Couleur sourde
Couleur terre

Et je peux enfin vous rendre
vos pourquoi et vos comment

Couleur sourde
Couleur terre

Pour aller rencontrer
hors de vos désirs goudronnés
hors de moi
tellemenr moi

Couleur sourde
Couleur terre

Les autres
amants de l’âme

Couleur claire
Couleur terre

Et partager avec eux
Les goûts du monde
nouveau

Carotte

Fin de route pour le lapin blanc

Le futur en boule sur le bas côté

Le passé en briquettes pour réchauffer le présent. Glacial.

Et au fond des yeux, le souvenir du désir. Le souvenir de la course.

La vie couleur carotte.

Que se réveillent ceux qui marchent

Les remous des temps anciens
Nous fracturent et m’atterrent
Restes d’égos tristes et vains
En train de détruire ma terre

Que se réveillent ceux qui marchent
Que les rejoignent les rêveurs
Et que ceux qui portent la danse
Lancent enfin l’appel du coeur

Je ne peux plus laisser faire
Les petits marchands d’enfer
Je ne peux plus laisser mourir
La fleur qui n’ose plus fleurir

Que se réveillent ceux qui marchent
Que les rejoignent les rêveurs
Et que ceux qui portent le chant
Lancent enfin l’appel du coeur

Il est temps pour l’enfant
Caché dans ce corps gisant
D’oser enfin se réveiller
Et de se mettre à chanter

Et quand nous serons réveillés
Nous nous mettrons enfin à chanter
Entonnant un coeur de terre
A faire trembler les enfers

Il y avait

Il y avait une fille sur le pont
un éléphant dans l’armoire
et un cygne sur ta main

Il y avait le temps qui passe
Le passé qui grince
et une vache qui rit

Il y avait moi qui t’aimais
toi qui pétillais
et le coq qui dansait

Il y avait des aubes
Il y avait des matins
Et des fées dans les bols de café

Il y avait des lendemains
des réveils de braise
et des amis musiciens

Il y avait des rêves
des petits pour les grands
et des jouets pour les enfants

Il y avait tes reins
Appelant dans la brume
Mon capitaine fracasse

Il y avait le chat
sur son arbre perché
Qui jouait au jeu des sept vies

Il y avait le temps perdu
le temps de le dire
Et la pendule qui s’en foutait

Il y avait le poète
L’ami et l’amant
et puis aussi la vraie vie qui faisait coucou

Il y avait ton non-anniveraire
Du thé dans ton verre
Et ma main sur ton sein

Il y avait des aubes
Il y avait des couchers
Et aucune envie de se lever

Il y avait des vérités
Des mensonges vrais
Et nos silences qui s’en foutaient

Il y avait des souvenirs
des éclats de rire
et une putain d’envie de vivre

Il y avait des trahisons
Quelques vieilles peurs
Et une bonne tresse au beurre

Il y avait un miroir
Nos silhouettes dans le noir
Et ma mère qui voudrait te voir

Il y avait nos cernes
Nos envies qui se couraient après
Et des savants fous qui les comptaient

Il y avait nos attentes
En petit tas dans la cheminée
Et le père Noël coincé sur le toit

Il y avait la danse de nos âmes
La lueur de la nouvelle lune
Et nos corps lovés quelque part en bas

Il y avait des désirs à faire pâlir l’envie
Des envies à faire rougir la vie
Et l’eau qui coulait sous les ponts

Il y avait des vêtements partout
Un papillon saoul dans ton cou
Et un Dieu mélomane guettant ton plaisir

Il y avait des avions dans le ciel
Des éboueurs dans la rue
Et des étoiles éparpillées sous les draps

Il y avait des dictionnaires partout
Des pages feuilletées
Et toi qui allumais le four

Il y avait une nuit blanche de plus
Des univers en pagaille
Et le miroir qui piquait un fard

Il y avait mes cernes en pagaille
Le reflet de tes yeux bleus dedans
Et Morphée qui me faisait la gueule

Il y avait les rêves de la nuit
La réalité baillant au matin
Et mon chat qui chassait des étoiles

Il y avait un soir de plus
Des papillons dans mes yeux
Et un sale gosse qui voulait m’épingler

Il y avait dieu sur son nuage
Le diable dans son garage
Et des hommes saouls qui jouaient au dames

Il y avait une porte qui se fermait
Des fenêtres qui s’ouvraient
Et des anges qui rasaient les murs

Il y avait des piles d’assiettes
Des chats qui dormaient
Et un chameau qui jouait de la trompette

Il y avait des pas sur la piste
Des rondes entre nos mains
Et le temps qui nous soufflait la mesure

Il y avait le bonheur qui courait dans le pré
Son frère qui boudait son tour
Et leur mère qui nous embrassait

Il y avait des caresses au coin du jour
Des angelots bouffis qui guignaient
Et des lendemains qui jouaient dans le jardin

Il y avait des glaçons au nez des maisons
Des chats en pantoufles qui faisaient du feu
Et un chameau congelé qui tricotait des vers pour sa bien aimée

Il y avait les promesses du passé
Les regrets du futur
Et le présent qui jouait aux cartes

Il y avait mon amour sur les routes
Mon amante blottie dans son corps
Et la femme de ma vie riant dans son coeur

Il y avait l’angoisse du soir
L’espoir de te revoir
Et un moineau saoul qui toquait à la fenêtre.

Le temps file sans tisser disais-tu

Le temps file
Sans tisser
Disais-tu

Une rose dans les cheveux
Un ange dans la neige

Les aubes se couchent
Et le café est prêt
Mon amour
Te répondais-je

Emmitouflé de toi
Un ange dans le sable

Souffle, disais-tu
Souffle

Je te regardais
Tu fermais les yeux

Et le présent
Soudain
Vécut
Un an de plus

Comme…

Comme une musique,
mais plus fort
Comme toi,
mais plus loin

Comme moi,
mais plus vrai

Comme nous,
mais ensemble

Comme si,
mais sans ça

Comme la nuit,
mais au matin

Comme une heure,
mais à temps

Comme une vie,
mais sans heurts

Comme l’amour,
mais sans histoires

Comme ton rire,
oh oui, ton rire,
qui résume si bien toutes mes images.

Monde

Sous le ciel la ville
Au pied le la ville un homme
Près de lui rivière

En surface un cygne
Dont les pattes palmées
Chatouillent les poissons

Le monde est bien fait

Matin

Encore un matin,
une nuit passée à veiller,
à m’oublier dans les pages d’un bouquin.

Le soleil veut se lever derrière la fenêtre ouverte
alors que les fenêtres de mes yeux ne sont que soupiraux,
mes mots les phrases d’un roman
et la réalité une publicité entre deux chapitres.

Détour

Au détour des allées
on entend le vent
discourir du temps

Au détour des allées
des enfants se taisent
et caressent le temps

Connaître

Moi je voudrais rire de voir le jour se lever

Pleurer de te voir me quitter

Moi je voudrais, demain, sourire de te connaître

Canard

Chut. Taisez-vous, écoutez. Regardez passer ce grand oiseau à l’oeil glauque.
Souriez-lui. Il se croit tout puissant.

C’est le temps. L’éternel migrateur.
Riez avec moi, riez et vivez, car le Temps, en vérité, est un canard sauvage.

Rougir

Rougir
Le temps d’un coucher de toi

Rougir
A te voir me regarder

Avec envie
Sans pudeur

Et puis

Rouge aux lèvres
Lèvres ouvertes
Yeux clos

Frémir
Du rouge de mes joues
Au blanc de nos amours