Assurance vie

Changer de compagne
Changer de travail
Changer de voiture

Vite
Toujours plus vite

Pour un autre
Un plus grand
Un plus beau
Un plus cher

Qu’importe au fond
Tant que ce n’est pas le même

Nos petites vies kleenex
Dans lesquelles on mouche
Tout nos états d’âme
Tous nos désirs
Nos frustrations

Changer de vie
Changer de femme
Changer d’enfants
Changer pour un temps

Mais toujours
Recommencer

Changer de foie
Changer de coeur
Changer de foi

Mais à la fin
Affronter la mort

La science à la main

Les yeux clos, les brumes d’une gorgée de jasmin s’étirant entre papilles, j’absorbe les dernières chaleurs de l’été, allongé dans le canapé en rotin, une ribambelle de coussins moelleux soutenant mon errance.

Je ne pense à rien. Profite de l’instant. Serein. Le chat fait de même sur un
rocher voisin, face à l’ouest, les yeux clos, se fichant éperdument de la course des astres.

– Tu devrais voir ce coucher de soleil, mon amour, te dis-je. Les papillons qui se bécotent dans la brise, la forêt qui frissonne… C’est si beau qu’on dirait
du Rimbaud.

– Il faut des fourmis,me réponds-tu, les yeux rivés sur ton ordinateur. Il faut des fourmis pour faire vivre les cigales.

Et tu te mets à parler au futur, de la maison pour les enfants, de l’argent pour les nourrir.

Et moi je garde les yeux clos.
Et toi tu tapotes un peu plus nerveusement sur ton clavier

Pendant ce temps, le soleil achève sa représentation quotidienne. Sa présence s’efface peu à peu de mes paupières en extase. Il ne me force plus à sourire.

Seul le bonheur du moment présent  reste figé sur mes lèvres. Finalement, à la fin d’une litanie dont je n’ai pas compris un traître mot, tu ponctues:

– On devrait prendre une assurance vie, dis-tu.

J’entrouvre les yeux.
Une libellule passe. Je la salue du sourcil.

Tâtonnant, je retrouve ma tasse,
Le jasmin a refroidi.
M’offre une nouvelle saveur.

Je referme les yeux.

– Une assurance, dis-tu ? Oui, pourquoi pas.

Le chat quitte son rocher.
Au loin , la marée attend la lune.

– J’appellerai Dieu demain à la première heure, promets-je.
– Tu es con, réponds-tu.

Et tu m’embrasses. Et je t’embrasse. Et nous faisons l’amour. Oublieux.

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Une douceur poétique pour la route ?

Si tu te sens une âme de chercheur