Après-midi d’automne.
Route sèche.
Fenêtres ouvertes
J’essaie de me concentrer
Regarder devant
Pas autour
Devant
Penser à la route
Pas aux forêts en fête
A leur trop plein de couleurs
Débordant sous mes roues
Pas au soleil
Dessinant des étoiles
Dans mes yeux
Pas au vent
Soufflant son évasion
Dans mes envies
Penser à la route
Ne pas rêver
Pas au volant
Mais je n’y arrive pas
C’est plus fort que moi
Je ne peux pas
Je ne rêve pas
Je veux déguster le monde
Alors je quitte la route
Chemin de terre
Désert
Je ralentis
Ralentis
Monte le volume
Plus fort
Toujours plus
La musique comble l’espace
S’enfuit
Elle est partout
Dans le soleil, le vent et la forêt
Elle est devant
Autour
Ailleurs
Je ferme les yeux
Juste un instant
Pour profiter
Du spectacle
Je me laisse chuter
Tomber en moi-même
Les sens en fleur
Sourire aux lèvres
Je chute
Jusqu’au fond de moi
Arrête de respirer
Pour captiver l’instant
Puis je remonte
D’un coup de pied
Emerge…
Ouvre les yeux
Plante les freins!
M’arrête
Dans un nuage de poussière
Une fillette me regarde
Les mains sur le capot
Je coupe la musique
Eteins le moteur
Sors
Elle n’a pas bougé
Ce n’est pas moi qu’elle regarde
Elle fixe le soleil
Je me ressaisis
Remets mes sens à zéro
Il n’y a plus qu’elle
Je la regarde
Ebloui
J’ai vu des univers
Briller dans ses yeux