Depuis quelques heures déjà, le salon avait retrouvé sa quiétude silencieuse. Sur la vaste table de verre, la théière métallique tiédissait de ne plus servir qu’une tasse, tandis que quelques noix, seules oubliées d’un panier garni des bienfaits de l’hiver espéraient la gourmandise d’un hôte invisible.
Dans l’étroite cheminée rougeoyait encore une bûche, sereine et comblée d’avoir contribué à la chaleur de cette nuit.
Seul l’air parlait encore, de cette voix melliflue qui avait chuchoté la magie, embaumant toute la pièce d’existences imaginaires. Les lointaines cloches d’une église inconnue voulurent annoncer l’heure du lever du soleil, ignorant sans doute que celui-ci venait de se coucher pour le seul être encore présent.
Depuis quelque temps, une fleur avait germé dans son cœur. C’eut pu être autre chose, mais pour lui la beauté avait des pétales et la passion était un parfum. Il ne hasardait pas non plus à la nommer, car à trop chercher ce qui nourrit l’existence on oublie d’en jouir.
Profitant du simple fait d’être là, il se contentait de sourire de son bonheur, s’allumant de temps à autre une cigarette et tournant, inlassable, les épaisses pages rieuses d’un recueil de contes. Il suspendait ainsi le vol du temps, continuant de s’enivrer de ces mots qu’il lisait plus sur le souvenir des lèvres de la conteuses que sur le papier.
Ce soir-là, l’imaginaire avait dépassé la réalité…

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