Changer de compagne
Changer de travail
Changer de voiture
Vite
Toujours plus vite
Pour un autre
Un plus grand
Un plus beau
Un plus cher
Qu’importe au fond
Tant que ce n’est pas le même
Nos petites vies kleenex
Dans lesquelles on mouche
Tout nos états d’âme
Tous nos désirs
Nos frustrations
Changer de vie
Changer de femme
Changer d’enfants
Changer pour un temps
Mais toujours
Recommencer
Changer de foie
Changer de coeur
Changer de foi
Mais à la fin
Affronter la mort
La science à la main
Les yeux clos, les brumes d’une gorgée de jasmin s’étirant entre papilles, j’absorbe les dernières chaleurs de l’été, allongé dans le canapé en rotin, une ribambelle de coussins moelleux soutenant mon errance.
Je ne pense à rien. Profite de l’instant. Serein. Le chat fait de même sur un
rocher voisin, face à l’ouest, les yeux clos, se fichant éperdument de la course des astres.
– Tu devrais voir ce coucher de soleil, mon amour, te dis-je. Les papillons qui se bécotent dans la brise, la forêt qui frissonne… C’est si beau qu’on dirait
du Rimbaud.
– Il faut des fourmis,me réponds-tu, les yeux rivés sur ton ordinateur. Il faut des fourmis pour faire vivre les cigales.
Et tu te mets à parler au futur, de la maison pour les enfants, de l’argent pour les nourrir.
Et moi je garde les yeux clos.
Et toi tu tapotes un peu plus nerveusement sur ton clavier
Pendant ce temps, le soleil achève sa représentation quotidienne. Sa présence s’efface peu à peu de mes paupières en extase. Il ne me force plus à sourire.