C’était comme une boîte à musique
Une boîte en bois avec la vie en dedans
Des rouleaux silencieux
Piquetés de souvenirs
Dissimulés aux yeux
Des gens de peu de joie
C’était comme une boîte à musique
Que tu gardais juste là
A la vue de tous
Exhibant la boîte
Cachant la musique
Tu la cachais
Comme on renonce à l’enfance
Tu la cachais
Comme on nargue demain
C’était comme une boîte à musique
Et ses arcs-en-ciel de notes
En mineur
En majeur
Des notes jetées là
Trainées de souvenirs
C’était un moulin à prières
Le chuchotement
Des nuits d’hier
C’était comme une boîte à musique
Une boîte en bois avec la vie en dedans
Et ce soir
Entre deux tours de magie
Tu la remets entre mes mains
Comme un magicien mutin
Osant un nouveau tour
Débrouille-toi, tu me dis
Débrouille-toi
Je ne sais que faire
De toutes ces notes
Ouvres-la
Ouvre-la si tu l’oses
C’est une boîte à musique
Et toi le singe, sur l’épaule du magicien
Tournant la manivelle
Oublieuse de la mélodie
La boîte est cassée, tu me dis
Ecoute. Les notes sont mortes
Alors je l’accepte
Bras ouverts
Coeur léger
Curieux
Je la pose sur le sol
Sur la terre
Juste là
A nos pieds
Je ressens ses rêves
S’échapper entre les fissures
Je sens les sorts
Les enchantement
Les malédictions
Les abracadabra de l’existence
Puis je pose ta main sur mon coeur
Il bat fort
Tu as peur
Il est ouvert, je te dis
Et j’ouvre la boîte
En te souriant un merci
Je l’ouvre comme on se découvre
Devant la beauté d’une âme
Alors tu me transportes
Dans l’essence de toi
Tu me dis ta musique
Les rouleaux se délient
Cliquetis de la mémoire
Tu me dis des voyages entre deux gares
des cafés sur des terrasses désertes
des illuminés sur des chemins de terre
des éclats de rire dans tes rêves
des éclats de mort sur tes lèvres
des glaces à deux
des quêtes oubliées
des ronronnements de chats
des soupirs d’ennui
des désirs de bonheurs
des râles de plaisir
Tu me dis l’enfant
Caché dans les blessures du temps
Tu me dis tes mondes
Les sauvés, les perdus, les sacrifiés
Tu me dis tes hauts et tes bas
Tes craintes et tes doutes
Tes certitudes et leur contraire
Tes sources et tes gouffres
Tu me dis la géographie de ton histoire
Sans ambage
De joies en peines
D’illusions en nouveaux rêves
Tu me dis comme on s’oublie
Et puis tu te tais
La boîte toujours ouverte
Au centre de nous
Et puis tu me regardes
Comme on attend la pluie
Comme on attend la fuite
Plus nue qu’après l’amour
Tu me regardes et moi je souris
N’ayant rien à dire
On se tait devant la beauté d’une âme
Mais tu m’attends
Alors je prends ta main
Nous nous levons
Le jour s’est levé
J’ouvre les rideaux
Le monde nous salue
Spectateur attentif de nos devenirs
Merci pour tes hier, je te dis
Merci pour le chemin
Qui t’a mené dans l’ici et maintenant
Allons marcher un peu tous les deux
Et en chemin
Si tu le veux bien
Je te conterai ma musique
Allons marcher un peu tous les deux
Et inventons en fredonnant
Les mélodies de demain
Ici et maintenant