Le soleil s’en va. C’est la fin d’un jour de plus.
D’un hier qui se décline en demains.
Il fait nuit
Presque noire
Tout juste un quartier
De lune pour éclairer
La foule pressée
Elle ne marche pas, la foule
Elle suit
Elle ne sait pas vraiment quoi
Mais elle le suit
Les yeux au sol
Au rythme des pavés
Des lignes trop blanches de la route
Elle regarde sa montre
Tic tac
Minutes qui passent
Minutes perdues
Minutes solitaires
Pas un poète pour les prendre par la main
Ces petites soeurs du temps
Les poètes dorment
D’un sommeil sans rêves
A moins qu’ils soient morts
Non
Certainement pas
Il y a tant d’enfants
Alors les minutes naissent et meurent
Comme les rêves des enfants-poètes
Et la foule marche
En regardant sans rien voir
Du monde qui se couche
Il y a bien un homme,
Assis sur un banc
Un vieil homme
Tout en blanc
Des cheveux à la canne
Lui ne voit plus le monde
Mais le monde le regarde
Le vieux ne voit pas la lune
Il la devine
Il n’a pas vu le soleil mourir
Il l’a senti
Alors le vieil homme l’écoute,
Le monde
Assis sur son banc
C’est qu’il parle le monde
De mille voix
De mille langues
Il parle
A moins que ce ne soit autre chose
Un rire peut-être
Et la foule passe
Inconsciente
Somnambule
Et la foule se sépare
Rentre chez elle
Ses cinq sens dans la poche
Roulés dans un programme télé
La foule n’est plus
Elle s’est brisée
Sur les murs des foyers
Eparpillées
Par paliers
Sous les mille lumières
Des hautes tours
Chacun derrière sa porte.
Et le monde dehors.
Homeless.