Je

Je ne m’attends à rien. D’ailleurs, rien ne m’attend.
C’est bien plus facile ainsi. Je peux me regarder
sous toutes les coutures sans prendre garde à la
blessure qu’elles cachent, sans peur d’y surprendre
un regard jumeau. Je suis moi, moitié d’un être
dans une glace sans vue, moi indivisible entre
quatre murs.

La trahison n’est ici pas de mise, pas de mise à
mort, pas de mise à l’épreuve, tout au plus
une mise à l’écart, mise à pied.
J’aime cette pièce, la pureté de ses lignes,
la rudesse de son regard barriolant le ciel.
Je suis bien. Là mais bien.

Tandis que lorsque je baisse les paupières, face
à l’étroite clarté solaire, là, je peux vraiment
m’observer, je passe à travers moi, vois mes
veines, devine ce sang, mon sang, qui les irrigue.
Je vois le rouge de ma vie, en mille points de
lumière, puis je bouche mes oreilles et m’écoute.
L’appel régulier de mon coeur, l’appel intérieur.
La chamade bienheureuse. Ces battements
incessants qui sont autant de déclarations
d’amour. Ma voix intérieure.
Mon plus pur auditoire.

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