Dans le parc
Deux enfant
Les enfant ont trente ans
A eux deux ?
Ils se le demandent
Ils se regardent
Comme on fabrique des souvenirs
Autour d’eux
D’autres enfants
Et des plus jeunes
Et des plus envieux
Tous perdus dans un même silence de fin du jour
Personne ne bouge
De peur d’effrayer le voleur sans-logis
Tapi dans les premières ombres
Invisible à l’œil
Et pourtant si présent
Le temps
Celui qui se vole à lui-même
Mais que vole-t-il,
Le temps
A la nuit tombée
Au silence des parcs ?
Vole-t-il des rêves ?
Des graines d’innocence ?
Des soupirs d’amoureuse ?
Des jeux de séduction ?
Du bonheur ?
De la joie ?
Rien de tout cela.
Les amants n’ont d’innocent
Que le regard étonné
Qu’ils jettent à leurs parents
Les vêtements froissés
Et les sens humides
Tous les envieux savent cela
Et l’amoureuse se repaît
De joie et de bonheur
Comme le tigre de gazelle
Tous les plus jeunes savent cela
Et la joie
La joie…
Se décline
En feux
En grand feux…
Non.
Le temps n’est pas voleur
Il donne
Et reprend
Il joue
Le temps est un joueur qui n’a pas besoin de tricher
Il prête aux amants les lieux,
Communs ou insolites
Les terrains de jeux et les soupirs
Pour les reprendre au matin
Et n’en laisser qu’une image
Un flou
Une absence
Un souvenir
Ne laissant d’autre choix aux dupes
Que de se bâtir des cellules de mémoire
Laissant liberté aux autres
De recommencer
De jouer
Jour après jour
Au grand jeu
De jeter une nouvelle brindille
Dans le jeu
Le grand feu…
Où se consument les passades
Se trompent les amours
Et s’oublie l’innocence
Le grand feu de joie
Et les enfants le savent
Qui se regardent
Comme on fabrique des souvenirs
Et les autres le savent aussi, peut-être
Les plus jeunes
Les plus envieux
Ils le savent et ne bougent pas
De peur d’arrêter la machine à futur
De peur de se laisser piéger
Par la machine à revivre le passé
Alors les enfants se lèvent
Ils se lèvent et courent
Ils courent après le temps
En criant
Et les plus jeunes
Et les plus envieux
Les regardent sans comprendre
En haussant les sourcils
Se regardant les uns les autres
Pour dire leur accord
Sur ce désaccord
Mais les enfants sont déjà loin
Ils ont couru si vite
Que le temps ne les a pas vus
Occupé qu’il était,
Le temps
A prêter une oreille attentive
A ses courtisans immobiles